Il existe diverses manières de consommer et de conserver les plantes sauvages. Parmi elles, le séchage pour la confection de tisanes est une solution qui permet de les conserver longtemps, et de les consommer toute l’année, indépendamment des saisons.
Dans cet article, on vous explique tout ! Vous pourrez ainsi préparer au mieux vos propres tisanes à la maison !
Qu’est ce qu’une tisane ?
Une tisane est une préparation dans laquelle on procède à une extraction de molécules grâce à un solvant très courant : l’eau. Cependant, la température et le temps d’extraction peuvent varier selon la préparation que l’on va réaliser : infusion, décoction, macération… toutes ces méthodes vous permettent d’obtenir une tisane !
Plante fraîche ou plante sèche ?
Vous vous demandez certainement pourquoi on utilise des plantes sèches la plupart du temps. Tout simplement car le séchage est un moyen de les conserver tout au long de l’année ! Cela permet également de les cueillir au bon moment, et de les consommer plus tard. Certaines molécules sont détruites au séchage, comme les essences aromatiques de certaines plantes de la famille des Lamiaceae. Dans ces cas là, à la saison optimale, on peut évidemment préférer faire des tisanes de plantes fraîches.
Comment obtenir une bonne extraction ?
Qui dit « extraction », dit mettre en contact une substance à extraire avec son solvant, le liquide dans lequel on veut dissoudre cette substance. Pour toujours s’assurer d’une extraction optimale, vous pouvez émietter ou réduire une plante en poudre si elle est sèche. Pour une plante fraîche, il suffit de la ciseler.
Différents types de tisanes
L’infusion
L’infusion consiste à extraire les principes actifs d’une plante, sèche ou fraîche avec de l’eau chaude. Cette méthode est recommandée pour infuser les parties fragiles des plantes (fleurs, feuilles tendres…), facilement pénétrées par l’eau d’infusion. On peut aussi y avoir recours pour des racines ou des écorces aromatiques qui risqueraient de s’évaporer avec une température trop élevée. La température d’infusion doit être entre 85°C et 90°C. On ne va jamais jusqu’à 100°C pour limiter l’évaporation, et réduire le risque de dégrader des composés plus fragiles comme les vitamines.
La décoction
On pourrait croire qu’il s’agit d’un synonyme de l’infusion, mais il y a une différence subtile avec la méthode précédente. Dans le cas d’une décoction, on extrait les molécules dans de l’eau portée à ébullition, pendant plusieurs minutes. Cette méthode est réservée à des parties plus épaisses ou coriaces de la plante (feuilles épaisses, racines, graines, fruits, écorces…).
Pour faire une décoction, il faut plonger les plantes dans l’eau froide et les porter à ébullition, toujours à couvert pour limiter l’évaporation. L’ébullition doit durer 5 à 10 minutes environ, et laisser refroidir.
La macération
Dans la macération, on utilise cette fois de l’eau à température ambiante. Cette technique est la plus adaptée si l’on veut récupérer des molécules sensibles à la chaleur, les plantes contenant des mucilages* comme la mauve (Malva sylvestris). A l’inverse, cette méthode est utile si on veut exclure des composés qui sont moins solubles dans l’eau froide, comme les tanins ou l’amidon.
Le temps de macération peut varier entre 1h (si on fait macérer de la poudre) à une nuit pour des feuilles et des fleurs. Pensez à couvrir et à ne pas dépasser une nuit pour éviter que des micro-organismes ne se développent dans votre préparation…
Rappelez-vous ce très célèbre proverbe (émis par nous) : « Trop longue macération et c’est la foire aux champignons »
La digestion
Pour celles et ceux qui aiment en savoir toujours plus, il existe aussi une méthode qui se nomme la digestion. Elle ne consiste pas à avaler vos plantes directement, non… Simplement à utiliser de l’eau entre la température ambiante et la température d’ébullition. On peut la réaliser dans une thermos par exemple, pour garder une température moyenne de 40-50°C pendant 1 à 5h.
Quelle quantité de plante ?
Selon la plante, on utilise entre 5 et 20g de plantes sèches par litre d’eau, selon la pharmacopée française. Pour des plantes fraîches, pensez à multiplier cette quantité (entre 2 et 5 fois). En effet, une plante fraîche contient entre 70 et 90% d’eau ! Or, c’est la matière sèche qui nous intéresse dans une tisane. Vous pouvez prendre entre 1 à 4 tasses par jour d’une infusion. Une règle empirique veut que dans le cadre d’une « cure » longue, on ne dépasse pas 3 semaines consécutives de consommation quotidienne sans faire une pause d’une semaine.
Si vous utilisez votre infusion en compresse, bain de bouche ou gargarisme et que vous ne l’avalez pas, il y a moins de problèmes à augmenter ces doses.
Améliorer le goût de ses tisanes
En fonction de la plante, votre tisane pourra être soit délicieuse, soit très amère…
En matière d’édulcorant, on vous recommande le miel : très sucré et sans contre-indication, c’est aussi un antiseptique naturel qui donne un goût délicieux aux tisanes.
Où trouver mes plantes à infuser ?
Les plantes séchées d’usage médical peuvent se trouver dans des pharmacies-herboristeries, ou auprès de paysans herboristes.
Il est également possible de cueillir vos plantes vous même, et de les sécher.
Quelques rappels pour la cueillette :
- Trier ses plantes : Ne cueillez QUE ce dont vous avez besoin, et seulement si vous êtes sûr à 100% d’avoir bien identifié la plante.
- Nettoyer ses plantes : ne lavez les plantes si elles sont vraiment sales. Il faudra bien les sécher pour éviter qu’elles ne moisissent, par exemple au four à 50 degré. Si elles ne sont pas sales, et qu’on les a ramassé dans un endroit pas trop fréquenté, on ne les lave pas pour faciliter le séchage.
Pour des conseils plus complets, découvrez notre vidéo et article sur les règles de cueillette.
Quelques rappels pour le séchage :
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- Séchage à l’air libre : Bonne nouvelle, les plantes sèchent toutes seules… à condition de respecter certaines astuces pour ne pas qu’elles pourrissent dans l’opération. Pour limiter l’humidité, on peut étaler ses plantes sur un tissu ou du papier absorbant sans encre, ou les suspendre dans un endroit ventilé. Idéalement, il faut les sécher à l’abri de la lumière pour éviter une dégradation de certains de leurs composés. Une armoire ou un grenier feront très bien l’affaire !
- Séchage au four : Si vous cueillez en automne, saison idéale pour les racines, c’est une saison fraîche et humide. Qui dit frais et humide dit : pas optimal pour le séchage. Pour pallier à cela, vous pouvez utiliser une méthode de séchage au four. Après avoir lavé et découpé les racines, vous pouvez les sécher dans un four chauffé à 50 °C, au déshydrateur ou sur un radiateur.
- Conserver ses plantes séchées : Les plantes peuvent se conserver dans un sac en papier, une pochette en tissu, un pot en grès ou en verre, dans un endroit sec et à l’abri de la lumière. Si vous décidez de les mettre dans des bocaux hermétiques, veillez à être sûr que la plante est parfaitement sèche sinon il y aura développement de moisissures.
- Pensez à étiqueter votre récipient avec les noms, dates et lieux de récolte. Les plantes ne doivent pas être gardées au-delà d’une année bien que certains les gardent jusqu’à deux ans, notamment certaines herboristeries. La couleur et l’odeur est un bon critère pour savoir si la plante a bien gardé ses propriétés.
Pour des conseils plus complets, découvrez notre vidéo sur le séchage des plantes sauvages.
Et voilà !
Maintenant que vous savez comment faire vos tisanes, il ne vous reste plus qu’à approfondir votre connaissance des plantes sauvages. Rendez-vous sur notre sélection de références pour connaître les posologies, et sur notre article dédié au matériel de cueillette pour démarrer vous même !
Pour devenir un expert des plantes sauvages, jetez un oeil au programme de la Formation du Cueilleur et de la Formation Remèdes. Ces formations en ligne sont proposées par une équipe de professionnels. Accessibles à vie, ludiques, rigoureuses, pédagogiques… elles vous permettront d’apprendre à maîtriser les plantes et leurs usages, puis de de les partager autour de vous !