Petit coup de stress, stress des exams, stress avant de parler en public, le stress, tant qu’il n’est que passager ne pose pas de réels soucis et peut même être stimulant.
Mais lorsque le stress devient capitaine du navire, qu’il envahit notre quotidien et nous met sous l’eau, il devient alors handicapant et met à mal notre organisme. Pour calmer la machine, heureusement, il existe des plantes qui peuvent venir à notre rescousse et nous faire redescendre en pression.
Les effets du stress sur notre corps
Le mot “stress” vient de l’anglais destress qui trouve ses racines dans l’ancien français destresse derrière lequel on trouve l’idée de tension, de gêne, de contrainte ou encore de resserrement¹-³. Tous ces termes traduisent assez bien ce que l’on peut ressentir en état de stress, autrement dit face à différents types d’agression (physiques comme un acte chirurgical, choc émotionnel, etc.) auxquels nous devons apporter une réponse². Le stress n’est pas forcément négatif, car au départ, c’est un réflexe de survie qui mobilise et augmente nos forces.
Physiologiquement, le corps libère alors une hormone, le cortisol rebaptisé “l’hormone du stress”. Cette hormone en soi n’est pas néfaste pour notre santé, et est même indispensable au fonctionnement de notre organisme. Mais en état de stress prolongé, le cortisol est diffusé en grande quantité et sur une longue durée, il devient alors problématique car il fatigue l’organisme, avec pour conséquence une baisse de l’immunité et l’apparition de maux secondaires liés à cet état d’épuisement⁴.
Des plantes à la rescousse
Coeur qui s’accélère, sueurs froides, ventre noué, nervosité et anxiété accrue, ces symptômes du stress peuvent être réduits par la prise de médicaments comme les anxiolytiques mais aussi en empruntant les voies plus naturelles, moins transformées, de la phytothérapie. En effet, certaines plantes ont une action anxiolytique et sédative, autrement dit, elles agissent sur le système nerveux et permettent de calmer l’angoisse et de retrouver un peu d’apaisement.
Toutes ces plantes se trouvent aux côtés des médicaments dans les pharmacies sous forme de compléments alimentaires (gélules, poudre, vrac, infusions, etc).
Les plantes comme les médicaments, ont une action physiologique sur le stress. Mais n’oublions pas que les plantes ont aussi un effet sensoriel psychologique : rien que de sortir prendre un bon bol de vert, de sentir le parfum d’une fleur, d’écouter le bruissement du vent dans les feuilles et de marcher en forêt ou dans un parc en ville peut déjà contribuer à faire redescendre les tensions (voir notre article ”Vivre près des plantes : un anti stress naturel”).
Pour ce qui est de l’action plus interne des plantes, passons aux présentations : voici sans plus attendre un échantillon des meilleures plantes sauvages à récolter et à préparer pour faire barrage au stress.
La mélisse
La mélisse (Melissa officinalis) est une plante aromatique au délicieux parfum citronné, d’où son deuxième petit nom de mélisse citronnée⁵. Elle appartient comme les menthes, les sauges, les thyms et d’autres plantes aromatiques à la famille des Lamiacées. Toutes les espèces de cette famille ont une tige carrée et des feuilles opposées. On pourrait confondre la mélisse avec d’autres espèces de cette famille comme les lamiers, mais en froissant les feuilles, on est tout de suite fixé. Si l’odeur n’est pas citronnée, ce n’est pas de la mélisse. Les feuilles dentées et triangulaires de la mélisse peuvent faire penser à celles de l’ortie (Urtica dioica), mais les feuilles de l’ortie sont piquantes, il suffit de toucher !
Au départ, la mélisse était une plante cultivée en France, elle s’est pour notre plus grand bonheur échappée des jardins et s’est naturalisée. On la trouve aujourd’hui dans des lieux mi-ombragés sur des sols frais, au bord des chemins et près des habitations, dans les friches, au bord des haies, en lisière des bois près des cours d’eau⁵,⁶. C’est une plante très commune en France et en Europe⁷.
Un célèbre médecin du XVIème siècle, Paracelse, prescrivait déjà la mélisse pour chasser les humeurs mélancoliques et calmer les nerfs⁸,⁹. Les autorités sanitaires européennes en continuité avec la tradition lui reconnaissent des propriétés digestives, sédatives et une action contre l’agitation mentale liée au stress¹⁰.
Ce sont les feuilles que l’on récolte pour en faire des tisanes. En cas de stress, le remède est simple : il vous suffit d’ajouter 1 à 3 cuillères à café de feuilles de mélisse dans une tasse d’eau bouillante, et de vous armer de 10 petites minutes de patience avant de boire cette infusion parfumée. Vous pouvez en boire jusqu’à 3 tasses par jour¹⁰.
On peut aussi les préparer sous forme d’alcoolature, en coupant les feuilles fraîches et en les laissant macérer 2 à 3 semaines dans de l’alcool. Il est préconisé d’en prendre 2 à 6 mL une à trois fois par jour¹⁰.
La lavande
Toujours dans la famille des Lamiacées, une célébrité provençale qui pose sur les cartes postales une fois ses champs tout de violet fleuris, et qui dégage une odeur caractéristique de…lavande. La lavande (Lavandula angustifolia) est une plante méditerranéenne⁵ qui peut se cultiver assez facilement au jardin dans un endroit bien exposé au soleil.
Chez la lavande, ce sont les inflorescences qui sont intéressantes et qui peuvent tout comme les feuilles de mélisse se préparer en infusion pour aider à lutter contre l’agitation nerveuse et aider à trouver le sommeil. On ajoute 2 cuillères à café de fleurs dans une tasse d’eau frémissante, puis on laisse infuser 5 à 10 minutes et le tour est joué.
La lavande est aussi commercialisée dans les pharmacies et magasins bio sous forme d’huile essentielle. Quelques gouttes diluées dans un bain chaud (35 à 38°C) ont un effet relaxant, notamment pour dénouer les tensions musculaires, sauf si vous avez des lésions cutanées (coupures, plaies, etc.), il faut alors oublier et privilégier la prise en interne.
Les sommités fleuries de la lavande sont inscrites à la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement en France¹¹ et les usages cités précédemment sont reconnus par les autorités sanitaires européennes¹².
La ballote noire
Toujours dans la famille des Lamiacées, je demande…la ballote noire (Ballota nigra) ! Elle est moins connue que la mélisse et la lavande, car il est vrai que sa saveur n’a pas la délicatesse de celle de ses deux consoeurs. Son odeur est très forte, certains la trouvent désagréable et elle a inspiré son autre nom peu glorifiant de ballote fétide.
Malgré cette introduction peu élogieuse, attention à ne pas se méprendre sur cette petite plante sauvage très commune et peu goûtue, dont les inflorescences présentent des effets thérapeutiques intéressants contre le stress et l’anxiété. Ces derniers reposent principalement sur un usage traditionnel¹³, les sommités fleuries sont inscrites à la liste A des plantes traditionnellement utilisées en France.¹¹
La ballote noire se repère facilement à sa forte odeur, elle est velue avec des feuilles sombres aux bords crénelés. On la trouve un peu partout au bord des chemins, dans les friches, les décombres, près des haies, etc⁵. et on peut récolter ses fleurs de mai à septembre⁶.
En cas de sensation d’oppression, de crampes digestives et d’accélération du rythme cardiaque, la ballote noire est une plante salutaire qui peut atténuer ces symptômes. On peut la préparer en infusion et pour rendre le goût plus agréable, la mélanger avec de la mélisse. Elle peut aussi être prise en alcoolature (1 à 2 mL par prise avec maximum 3 prises par jour). Pour en savoir plus sur la ballote noire, vous pouvez consulter notre vidéo “La ballote noire, plante anti-stress”.
L’aubépine
Pour finir ce tour d’horizon des plantes anti-stress, voici une dernière plante sauvage qui aide à réguler le cœur, et qui s’associe très bien à la ballote noire, mais qui ne fait pas partie de la famille des Lamiacées…mais de la famille des Rosacées, c’est la belle aubépine (Crataegus monogyna et Crataegus laevigata) dont les fleurs pourront vous aider en cas d’emballement du cœur à cause du stress.
Les fleurs de l’aubépine, que l’on peut récolter d’avril à juin⁶, sont connues en médecine traditionnelle¹¹ et ont des propriétés reconnues et validées par les organismes référents de santé¹⁴. Elles conviennent bien aux personnes émotives et nerveuses, qui peuvent les consommer sous forme d’infusion ou d’alcoolature. Pour l’infusion, il suffit de faire infuser 1 cuillère à café de sommités fleuries pendant 10 à 15 minutes dans une tasse d’eau bouillante.
Pour en savoir plus sur l’aubépine, vous pouvez consulter notre article “Aubépine , stress, coeur et grignotage”.
Précautions et contre-indications
Attention toutefois à ne pas se précipiter et à se renseigner sur ces plantes sauvages car il existe des effets secondaires, comme pour les médicaments, qui font que ces plantes sont contre-indiquées pour certaines personnes ou dans certaines situations.
En raison de leurs propriétés sédatives, attention en cas de conduite, mieux vaut espacer la prise de ces plantes avec la prise du volant.
Toutes ces plantes sont déconseillées en cas d’hypersensibilité les concernant, elles sont aussi contre-indiquées pour les femmes durant leur période de grossesse et de lactation et pour les moins de 18 ans par manque d’informations.
Si les symptômes du stress persistent ou s’aggravent, mieux vaut consulter un médecin et prendre un avis médical. Par exemple, pour l’aubépine ou la ballote noire, en cas de troubles cardiaques dont l’origine n’est pas identifiée, il est primordial d’avoir l’avis de votre médecin¹⁴.
Pour conclure
Toutes ces plantes peuvent être prises simultanément en infusion¹⁵, pour un cocktail anti-stress garanti. Vous pouvez aussi les cuisiner, car se préparer un bon repas fait partie des petits plaisirs simples de la vie qui amène du réconfort lorsque l’on est stressé, même si on peut avoir le ventre noué. La vision colorée de pétales et les senteurs de la nature peuvent participer à un effet antidépresseur. Ces plantes peuvent être associées à d’autres plantes qui favorisent le sommeil.
Bien sûr, ces plantes sauvages ne font pas tout. Il est essentiel de garder une bonne hygiène de vie pour rester en bonne santé : avoir de l’activité physique, une alimentation équilibrée, et s’aménager de bonnes conditions de sommeil reste primordial pour notre bien-être. À contrario, certaines plantes sont à éviter comme le café, qui a un effet excitant.
Nous vous invitons à découvrir et à partir cueillir vous-même ces remèdes naturels, car sortir dans la nature, c’est déjà s’exposer à l’émerveillement et à l’apaisement, un bon moyen de dire stop au stress.
Le stress n’est parfois que la partie émergée de l’iceberg : il peut s’accompagner de troubles du sommeil, voire d’une déprime passagère. Si vous vous sentez concerné(e), nous avons dédié un article complet à ce sujet, avec 10 plantes clés pour apaiser l’esprit, retrouver le sommeil et traverser les coups de mou naturellement.
👉 Découvrez l’article ici : 10 plantes contre le stress, la déprime et les problèmes de sommeil
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Pour aller plus loin
Nous vous rappelons que la cueillette sauvage comporte des risques. Vous pouvez découvrir ici les règles et précautions pour la cueillette. Il est indispensable d’être sûr à 100% de vos identifications avant de consommer une plante, quelle qu’elle soit.
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Sources
- CNRTL. STRESS, subst. masc. Centre National de Ressources textuelles et lexicales. Disponible sur : https://www.cnrtl.fr/etymologie/stress.
- Dictionnaire médical de l’Académie de Médecine. stress n. angl.m. (2020) Disponible sur : https://www.academie-medecine.fr/le-dictionnaire/index.php?q=stress.
- Pronost, A.-M. Les concepts en sciences infirmières in Concepts En Sci. Infirm. Association de Recherche en Soins Infirmiers (2012).
- James, K. A., Stromin, J. I., Steenkamp, N. & Combrinck, M. I. Understanding the relationships between physiological and psychosocial stress, cortisol and cognition Front. Endocrinol. 14, 1085950 (2023).
- Thomas, R., Maillart, M. & Busti, D. Petite flore de France (NE) Belin (2018).
- Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica. Flore de France Biotope (2014).
- Global Biodiversity Information Facility (GBIF). Melissa officinalis L. Disponible sur : https://www.gbif.org/fr/species/5341501.
- Ronat, N. La mélisse (Melissa officinalis L.) Université Joseph Fournier (2001).
- Shakeri, A., Sahebkar, A. & Javadi, B. Melissa officinalis L. – A review of its traditional uses, phytochemistry and pharmacology J. Ethnopharmacol. 188, 204‑228 (2016).
- HMPC. Community herbal monograph on Melissa officinalis L., folium European Medicines Agency. (2012) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/final-community-herbal-monograph-melissa-officinalis-l-folium_en.pdf.
- ANSM. Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement (2025) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2025/01/02/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-janvier-2025.pdf.
- HMPC. Community herbal monograph on Lavandula angustifolia Miller, aetheroleum European Medicines Agency. (2012) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/final-community-herbal-monograph-lavandula-angustifolia-miller-aetheroleum_en.pdf.
- Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur Lavoisier Tec & Doc (2019).
- Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC). European Union herbal monograph on Crataegus spp., folium cum flore (2016) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/documents/herbal-monograph/final-european-union-herbal-monograph-crataegus-spp-folium-cum-flore_en.pdf.
- ANSM. Mélanges pour tisanes pour préparations officinales (2013) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2020/10/23/melange-pour-tisanes-pour-preparations-officinales.pdf.