S’il peut nous arriver d’avoir des coups de blues, la dépression prend un visage plus sombre et n’est donc pas à prendre à la légère.
La dépression apparaît, un peu comme en météorologie, après une trop forte pression, suite à un stress prolongé et se traduit par un manque d’énergie, troubles du sommeil et perte d’envie ou de motivation.
Si les antidépresseurs sont aujourd’hui bien connus, il existe dans la nature une plante solaire : le millepertuis pour chasser le ciel pluvieux et morose qui pèse sur nous en période dépressive.
Quelques chiffres¹-³
D’après les chiffres officiels de 2019, la France arrive en tête des pays les plus dépressifs d’Europe, suivie par la Suède. La dépression toucherait 11 % de la population française et à l’échelle mondiale, 5 % de la population souffrirait de cette maladie. Une personne sur cinq connaîtrait un épisode dépressif au cours de sa vie. Les femmes seraient plus touchées que les hommes.
Comprendre la dépression ¹,²,³,⁴,⁵
La dépression, ou trouble dépressif, n’est pas un simple changement d’humeur ou un petit coup de mou. Moral à zéro, épuisement général, chaque tâche quotidienne de la vie peut sembler insurmontable lorsque l’on traverse la dépression.
La forte anxiété ressentie et accumulée peut même faire émerger des pensées suicidaires, signe d’une dépression aggravée. C’est donc une vraie maladie qui peut être lourde de conséquences sur le plan physique, affectif et professionnel.
“Tout ça, ça se passe dans la tête”, pourrait-t-on penser au premier abord, mais à tort car il ne s’agit pas que de troubles d’ordre mental. Il existe un réel dysfonctionnement au niveau des neurones et des hormones dans le cerveau, souvent lié à une déficience en neurotransmetteurs. Ces neurotransmetteurs, dont le plus connu est la sérotonine, aussi appelée “hormone du bonheur” permettent aux neurones d’établir des connexions et de bien communiquer.
En excès ou en déficit, ces neurotransmetteurs influencent notre humeur, en passant par tout un panel allant de l’agressivité à la dépression. Certains événements difficiles de la vie, accidents physiques et facteurs génétiques peuvent aussi être à la source d’une baisse de ces neurotransmetteurs.
Le stress est également un élément précurseur, lorsqu’il est prolongé, une trop grande quantité de cortisol (aussi appelé l’hormone du stress) est libérée dans l’organisme. Sur le long terme, cela conduit à une baisse du système immunitaire entraînant un épuisement généralisé, avec des effets indirects sur la croissance des neurones et la plasticité cérébrale car certains de nos neurones meurent durant la bataille. Réduire le stress en amont est donc une première mesure préventive contre la dépression.
Certaines plantes sauvages agissent contre le stress et peuvent venir à la rescousse (voir notre article Les plantes contre le stress).
La plante anti-déprime : le millepertuis perfolié
C’est un vrai petit soleil, le millepertuis perfolié (Hypericum perfoliatum) de ses belles fleurs jaunes d’or est la plante sauvage par excellence pour lutter contre la dépression. Bonne nouvelle, elle n’est pas rare et assez répandue en France hexagonale⁶.
Mais elle n’est pas unique en son genre…car il existe environ 25 espèces de millepertuis sur notre territoire⁷. Le millepertuis perforé, aussi appelé “herbe à mille trous” porte bien son nom : ses feuilles, lorsque l’on regarde de près et par transparence, sont comme perforées de nombreux petits trous ou points noirs qui sont des glandes contenant de l’huile essentielle⁸.
La tige du millepertuis perforé est ronde avec 2 lignes saillantes, et ses pétales jaunes, avec un côté dentés et l’autre non, sont bordés de points noirs⁹. Tous ces critères permettent de différencier le millepertuis perforé des autres espèces.
Période et lieux de cueillette du millepertuis
Le millepertuis perforé pousse en plein soleil ou dans des lieux mi-ombragés, au bord des chemins, dans les friches, les pelouses et en lisière⁷,⁹. On pourra partir récolter les sommités fleuries de mai jusqu’en septembre, la période optimale démarrant plutôt à partir de mi-juin, lors du pic de floraison.
Usage thérapeutique en cas de dépression
Une fois récoltées, les fleurs du millepertuis perforé peuvent être préparées sous forme d’alcoolature¹⁰. Les fleurs fraîchement cueillies sont découpées et mises à macérer trois semaines dans de l’alcool, afin d’en extraire les molécules actives. C’est sous cette forme que le millepertuis perforé, longuement étudié par les scientifiques aurait le plus d’effet pour réguler l’humeur, bien qu’on puisse aussi faire infuser les fleurs.
Son action résulterait d’une synergie entre plusieurs molécules présentes dans la plante, dont l’hypéricine et l’hyperforine, baptisées à partir du nom latin Hypericum du millepertuis⁸,¹⁰,¹¹.
Ses propriétés pour traiter les états dépressifs légers à modérés sont reconnues par les organismes officiels de santé en Europe¹⁰, ce qui vient confirmer l’usage traditionnel de cette plante, dont les sommités fleuries sont inscrites à la liste A des plantes utilisées traditionnellement en France¹². Elle fait d’ailleurs partie de notre pharmacopée européenne. C’est en Allemagne qu’elle fait son apparition comme anti-dépresseur dans les années 1980, et ce serait l’un des médicaments à base de plantes les plus vendus en Allemagne et aux États-Unis⁸.
On trouve aujourd’hui le millepertuis sous forme de gélules en pharmacies, ainsi que sous forme d’extraits alcooliques aux côtés d’autres plantes préconisées contre les troubles dépressifs comme le griffonia (Griffonia simplicifolia), une plante originaire d’Afrique centrale et de l’ouest¹³.
Autre usage médicinal du millepertuis
Le millepertuis perforé a une autre corde à son arc, et agit aussi comme cicatrisant de la peau¹⁰,¹⁴.
On peut en faire un macérat huileux et l’appliquer pour soigner les coups de soleil et plaies superficielles, en protection de la peau ou en cas de contusions.
Le millepertuis perforé est aussi appelé “Herbe de la Saint Jean”⁶, car c’est une plante phare des fameuses “herbes de la Saint Jean” récoltées au solstice d’été.
Précautions et contre-indications¹⁰,¹⁴,¹⁵
Il existe un faible risque de photosensibilisation lors d’une prise de millepertuis perforé par voie interne. Dans le doute, mieux vaut se protéger pour les peaux sensibles ou lors d’une très forte exposition au soleil.
Le millepertuis perforé est destiné uniquement aux adultes. Il est contre-indiqué si l’on prend les médicaments suivants : anti-rejets, digoxine, théophylline, antivitamine K, pilules contraceptives, autres antidépresseurs.
Cette liste n’est pas exhaustive, avant toute prise de millepertuis perforé, mieux vaut prendre un avis médical, car il peut y avoir des interactions avec d’autres médicaments que ceux cités précédemment.
Il est également contre-indiqué en vue d’une opération, en cas de dépression sévère, en cas de forte exposition aux UV, ainsi qu’en cas de grossesse et d’allaitement.
Si la dépression prend de l’ampleur, elle mérite d’être prise au sérieux avec un accompagnement médical spécifique (psychothérapie associée à l’avis d’un médecin pour choisir un traitement adapté).
Pour conclure
Le millepertuis perforé peut donc être un véritable rayon de soleil en cas de dépression, si celle-ci reste légère ou modérée. Mais n’oublions pas que les plantes sauvages, bien qu’elles soient de précieuses alliées pour notre santé, ne sont pas miraculeuses si nous n’avons pas en parallèle, un minimum d’hygiène de vie.
Aussi, il est important de garder contact avec un entourage de confiance, de se maintenir dans l’activité (comme partir faire une courte promenade, par exemple, pour aller récolter des plantes sauvages), mais aussi de respecter des routines alimentaires et de sommeil.
Nous vous invitons à découvrir et à partir cueillir le millepertuis et autres plantes sauvages qui réduisent stress et troubles du sommeil, car sortir dans la nature, c’est déjà changer d’air et potentiellement changer ses idées noires au contact des fleurs qui connaissent peu cette couleur, et arborent un visage parfumé et coloré.
Nous avons également dédié un article complet avec 10 plantes clés pour apaiser l’esprit, retrouver le sommeil et traverser les coups de mou naturellement.
👉 Découvrez l’article ici : 10 plantes contre le stress, la déprime et les problèmes de sommeil
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Sources
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- Assurance maladie. Comprendre la dépression Ameli. (2025) Disponible sur : https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/depression-troubles-depressifs/comprendre-depression#:~:text=Contrairement%20%C3%A0%20la%20m%C3%A9lancolie%2C%20la,d%27avoir%20des%20activit%C3%A9s%20normales.
- Troy, L. 6 % des Européens souffrent de syndromes dépressifs : qui sont-ils ? (2025) Disponible sur : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2025-01/ER1324-MEL.pdf.
- Inserm – La science pour la santé. Dépression Disponible sur : https://www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/depression.
- James, K. A., Stromin, J. I., Steenkamp, N. & Combrinck, M. I. Understanding the relationships between physiological and psychosocial stress, cortisol and cognition Front. Endocrinol. 14, 1085950 (2023).
- MNHN & OFB. Fiche de Hypericum perforatum L., 1753 Inventaire national du patrimoine naturel. (2025) Disponible sur : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/103316.
- Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora gallica. Flore de France Biotope (2014).
- Fleurentin, J. Du bon usage des plantes qui soignent Ouest France (2016).
- Thomas, R., Maillart, M. & Busti, D. Petite flore de France (NE) Belin (2018).
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