Arbre, qui es-tu ?
Le saule (Salix alba L.) que l’on appelle également saule blanc ou osier blanc fait partie de la famille botanique des Salicaceae qui rassemble environ 400 espèces dont un peu plus d’une trentaine qui poussent en France métropolitaine y compris en Corse de 0 à 1700 m d’altitude (1).
Le saule blanc tire son nom de la couleur blanc grisâtre de ses feuilles recouvertes de poils soyeux. Il existe de nombreuses variétés hybrides du saule blanc.
Le reconnaître à tous les coups
Le saule est un arbre ou un arbuste dioïque, c’est-à-dire que les pieds mâles et les pieds femelles sont séparés, on parle de “deux-maisons”. Le saule blanc peut atteindre 25m de hauteur, il a un port dressé et a le feuillage caduc. On peut reconnaître le jeune saule blanc grâce à son écorce lisse et blanc-grisâtre ; le plus âgé grâce à son écorce épaisse, profondément crevassée et de couleur brun-grisâtre.
Les feuilles sont alternes, simples, courtement pétiolées, stipulées, lancéolées, longuement acuminées, finement dentées et mesurent de 4 à 10 cm de long.
Les fruits sont des capsules allongées, glabres, s’ouvrant par 2 valves et qui libèrent des graines à longs poils blancs qui donnent aux chatons fructifères un aspect cotonneux (2-3).
La cueillette
Le saule se développe, principalement, le long des cours d’eau, on peut le retrouver parfois dans les prairies des vallées, c’est une espèce de pleine lumière. Il est friand des sols argilo-limoneux riches en base et en azote.
Un boisement de saules est une saulaie ou saussaie (1,2).
La période de floraison du saule est de mars à mai. Vous pouvez récolter l’écorce de saule toute l’année mais il est impératif de cueillir uniquement ce dont vous avez besoin et en privilégiant les petites branches. Il ne faut jamais récupérer l’écorce directement sur le tronc, cela fragilise l’arbre entier qui risque de tomber malade et parfois de mourir.
Côté cuisine et toxicité
Les saules ne sont pas couramment utilisés en cuisine car leur usage traditionnel est principalement à des fins médicinales. Seules les jeunes feuilles de saule blanc peuvent être consommées en salade. Celles des autres espèces ne sont pas conseillées, du fait notamment de leur grande amertume.
Pour un usage culinaire, la période de récolte des jeunes feuilles est de février à avril. L’écorce des jeunes rameaux et les feuilles des saules appartiennent à la liste A des plantes médicinales en France, c’est-à-dire, la liste des plantes utilisées traditionnellement dans la pharmacopée française et leur vente est réservée aux pharmaciens (4,10).
L’écorce de saule ne semble pas présenter de toxicité notable. De rares troubles gastro-intestinaux (douleurs gastriques, nausées, vomissements) et réactions cutanées ont été signalés (4,6,7). Elle est contre-indiquée en cas d’allergie à l’aspirine et aux dérivés salicylés, de maladie à risque hémorragique, d’ulcère gastroduodénal, d’insuffisance rénale ou hépatique sévère, de varicelle, de déficit en G6PD, ainsi qu’au troisième trimestre de grossesse.
Elle est déconseillée lors de l’utilisation concomitante d’anti-inflammatoires ou d’anticoagulants ou d’antihypertenseurs ou de diurétiques, en cas d’asthme et de bronchite chronique, chez les femmes enceintes (1er et 2ème trimestre de grossesse) et allaitantes et avant l’âge de 18 ans (5,7).
Côté médicinal
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Le saule possède des propriétés fébrifuges, antalgiques et anti-inflammatoires ; il agit en inhibant les acteurs impliqués dans l’inflammation. Il peut être utilisé en cas d’états fébriles et grippaux, en cas de maux de tête, de douleurs dentaires, de douleurs ostéo-articulaires mineurs (4,5,6), en cas de manifestations douloureuses notamment lors des menstruations (6,8).
L'info insolite
L’écorce de saule a été employée à travers les âges en usage interne pour traiter le paludisme, les parasitoses ou encore les diarrhées. En usage externe, la poudre ou la décoction d’écorce de saule était utilisée pour leur qualité présupposée antiseptique sur des plaies allant des ulcères à la gangrène (9).
Le bois de saules est peu utilisé en menuiserie ou en sculpture car sa durabilité est assez faible.
Quelques informations complémentaires...
La molécule active dont vous avez certainement entendu le plus parler c’est bien sûr l’acide salicylique ! Les saules en contiennent peu sous cette forme, la majorité provient de molécules précurseurs (salicine et dérivés salicylés) qui nécessitent une hydrolyse par la flore intestinale en saligénine puis une transformation hépatique pour former la molécule active qu’est l’acide salicylique (6,7).
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Références
1. Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica – Flore de France. Biotope éditions, p.1033 (2014).
2. Rameau, J. Claude, Mansion, D. & Dumé, G. Flore forestière française, guide écologique illustré. vol. 2
IDF (2017). Saule blanc (Salix alba L.) : p.715
3. Reille, M. Dictionnaire visuel des arbres et arbustes communs. Ulmer éditions, p.272-273 (2015).
4. Bruneton, J. Pharmacognosie. Phytochimie, Plantes médicinales. Lavoisier Tec & Doc, p.292-294 (2009).
5. Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC). European Union herbal monograph on Salix [various
species including S. purpurea L., S. daphnoides Vill., S. fragilis L.], cortex. (2017).
Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/documents/herbal-monograph/final-european-union-
herbal-monograph-salix-various-species-including-s-purpurea-l-s-daphnoides-vill_en.pdf.
6. Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur. Lavoisier Tec &
Doc, p.327-329 (2019).
7. Wichtl, M. & Anton, R. Plantes thérapeutiques : Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique.
Lavoisier Tec & Doc, p.534-357 (2003).
8. Raisi Dehkordi, Z., Rafieian-kopaeib, M. & Hosseini-Baharanchicd, F. S. A double-blind controlled
crossover study to investigate the efficacy of salix extract on primary dysmenorrhea. Complement. Ther.
Med. 44, 102–109 (2019).
9. Lieutaghi, P. Livre des arbres, arbustes et arbrisseaux. Actes Sud, p.1151-1155 (2004).
10. Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Liste A des plantes médicinales utilisées
traditionnellement. (2017).
Disponible sur : https://ansm.sante.fr/var/ansm_site/storage/original/application/
dc6398f1f676936f296909ec52fc2213.pdf.