Au Chemin de la Nature, les informations que nous donnons sont issues d’un travail de synthèse et de simplification de sources souvent nombreuses. Voici un petit aperçu de nos méthodes de travail.
Les sources
Notre travail de vulgarisation ou médiation scientifique concerne un grand nombre de disciplines, allant de la botanique, la chimie végétale, l’écologie, jusqu’à la médecine, l’anthropologie, l’histoire et l’archéologie. Nous faisons nos recherches à partir de nombreuses sources, souvent des articles scientifiques (et souvent en anglais car la science s’écrit en majorité dans cette langue actuellement) mais aussi dans des livres qui se basent sur des articles scientifiques et qui en font la synthèse. Nous consultons ainsi la littérature scientifique française et internationale et nous ciblons plus particulièrement le contexte européen.
Nous utilisons aussi bien sûr notre expérience de terrain en reconnaissance des plantes, champignons, algues, de leurs milieux, etc., ainsi qu’en préparation de remèdes ou de recettes culinaires à base de nos cueillettes. Mais l’expérience personnelle est parfois voire souvent trompeuse.
Ça vous est peut-être déjà arrivé de penser qu’une plante est très courante en la voyant dans votre jardin et aux alentours et puis de vous rendre compte qu’elle est rare à l’échelle de votre région ou de la région voisine. Voilà pourquoi, au Chemin de la Nature, nous ne comptons jamais sur notre seule expérience personnelle mais nous multiplions les sources pour obtenir une information fiable et de qualité.
Lorsque nous cherchons dans des livres, nous vérifions que ceux-ci citent précisément leurs sources afin de pouvoir éventuellement vérifier nous-même. Il est intéressant de se fier à des spécialistes du domaine mais il faut toujours savoir les remettre en question, interroger d’autres spécialistes et essayer d’avoir une idée du consensus actuel sur la question que l’on se pose. On ne peut donc pas s’arrêter à la lecture d’un seul livre, d’un seul article ou d’un seul auteur.
En ce qui concerne les livres grand public, malheureusement, la plupart ne citent pas leurs sources ou citent des sources elles-mêmes peu fiables, ce qui ne permet pas de vérifier ce qui est dit. De même, un article (de blog par exemple), qui ne cite que des livres grand public, est aussi peu fiable que ses sources. La source ne fait donc pas tout, il faut aussi en évaluer la qualité. Nous vous invitons à y être attentif.
Vous trouverez à la fin de cet article une partie des livres que nous consultons le plus fréquemment afin de préparer nos contenus au Chemin de la Nature.
Les plantes comestibles
Affirmer qu’une plante est comestible n’est pas toujours facile. Pour simplifier, on peut considérer qu’une plante est comestible si elle est consommée depuis assez longtemps par une assez grande quantité de personnes et qu’il n’y a pas de rapports d’intoxications. Autrement dit, il faut que le recul d’usage de cette plante soit en faveur de sa consommation. Et à cela il faut ajouter la méthode de préparation (car certaines plantes peuvent être toxiques crues mais comestibles cuites, comme les glands de certains chênes (Quercus p.p.)1) ainsi que les éventuels effets cancérigènes ou autres effets qui ne se voient que sur le long terme.
Ainsi, lorsque nous voulons connaître la comestibilité d’une espèce, nous cherchons si l’espèce est ou a été consommée quelque part en fouillant systématiquement dans les sources à notre disposition.
Par exemple, des sources ethnographique, archéologique ou historique peuvent attester d’un usage passé ou présent, lointain ou proche ; des sources botanique, écologique ou phylogénétique peuvent préciser l’espèce ou la sous-espèce exacte concernée ; des sources toxicologique ou pharmacologique peuvent renseigner sur la toxicité potentielle de la plante entière et si l’une des substances la constituant peut être toxique pour l’humain ou certains autres mammifères, etc.
Ce travail conséquent, réalisé pour chaque espèce, donne trois résultats possibles : « comestible », « non comestible » et « on ne sait pas ». Il arrive en effet qu’on ne sache pas, qu’on ne puisse pas donner de réponse définitive plus satisfaisante, et c’est bien de le dire. Et même lorsqu’on sait qu’une plante est comestible, cela ne signifie pas pour autant qu’elle est facilement consommable : la partie consommable peut par exemple être minuscule ou être liée à des traits culturels qui font qu’on ne la mange pas, comme un mauvais goût ou une croyance particulière.
Les plantes médicinales
La question des propriétés médicinales des plantes est plus complexe que celle de leur comestibilité. Heureusement, certaines institutions font un travail important sur le sujet. Ainsi, l’agence européenne des médicaments a produit environ 150 fiches sur des plantes médicinales. Chacune de ces fiches est issue du travail d’un collectif de spécialistes. Nous nous basons en priorité sur ces fiches dans la production de nos contenus.
Voyons un peu plus en détail une hiérarchisation simplifiée de la fiabilité des sources sur les usages médicinaux des plantes.
Parmi les études les plus sûres, on trouve les études cliniques, ou essais cliniques, c’est-à-dire les études sur l’humain (dans le détail, il existe plusieurs types d’études cliniques donnant des niveaux de preuves différents). Par exemple, pour le marronnier d’Inde (Aesculus hippocastanum L.), des études cliniques ont montré que sa graine, le marron, est efficace en cas de troubles mineures de la circulation veineuse (jambes lourdes, fourmillements, démangeaisons, etc.)2. Ce qui permet de confirmer l’un des anciens usages du marronnier3.
Les études faites sur d’autres organismes vivants que l’humain sont des études non-cliniques ou pré-cliniques. Elles permettent de montrer les propriétés d’une plante dans certaines conditions mais n’assurent pas complètement l’efficacité chez l’humain. C’est par exemple le cas de l’effet diurétique des fleurs de sureau noir (Sambucus nigra L.) sur des rats4.
Viennent enfin les propriétés qui n’ont pas (ou peu) été étudiées scientifiquement mais qui peuvent faire partie de traditions médicinales. On peut séparer deux niveaux hiérarchiques dans les propriétés traditionnelles : celles qui sont partagées par un grand nombre de personnes qui ne sont pas en contact, dans de nombreuses localités et sur une longue période de temps ; et celles qui ne sont connues que dans une seule localité et à une seule époque. En prenant l’ortie (Urtica dioica L.) comme exemple, on pourrait dire que le niveau de preuve (la fiabilité) est plus élevé pour l’usage anti-pelliculaire, commun et répandu5-7, que pour l’usage, rare et localisé, des graines mélangées dans du miel pour faciliter l’endormissement8.
Cela pourrait sembler paradoxal mais les propriétés traditionnelles n’existant qu’en un seul lieu et à une seule époque (propriété peu répandue), sont très nombreuses dans les sources historiques et ethnobotaniques : à chaque région et à chaque époque son usage local de la verveine officinale (Verbena officinalis L.). Mais on comprend donc bien que pour un usage particulier, la fiabilité n’est pas bonne, car le recul d’usage est très faible.
Les propriétés qui « ont fait leurs preuves » ont tendance à se fixer dans les usages au travers du temps et à se répandre. Celles qui fonctionnent moins ou pas du tout ont tendance à disparaître avec le temps ou à ne pas être adoptées par de nouvelles personnes. On peut donc donner un peu plus de confiance, de fiabilité, à une propriété médicinale traditionnelle bien répandue. Il faut tout de même garder en tête qu’un faible niveau de preuve d’une propriété médicinale n’est pas une preuve d’inefficacité. Même une propriété traditionnelle très peu répandue peut se montrer efficace, ce n’est pas impossible mais juste rare.
Pour résumer, le savoir sur les propriétés médicinales d’une plante peut provenir schématiquement de quatre origines :
- propriété traditionnelle peu répandue (très nombreuses et peu fiables) ;
- propriété traditionnelle répandue (assez nombreuses, plutôt fiable) ;
- propriété testée scientifiquement en laboratoire (peu nombreuses, assez fiable) ;
- propriété testée scientifiquement sur des humains (très rare, très fiable).
Dans le domaine des plantes médicinales, la plupart des livres grand public sur le sujet ne font pas assez attention à la qualité des sources utilisées et délivrent des informations peu fiables. Il faut bien dire que ces savoirs sont souvent éparpillés et peu faciles d’accès. Savoir rassembler, synthétiser et simplifier les centaines de sources à la fiabilité variable disponibles sur une plante fait partie de notre expertise au Chemin de la Nature.
Bibliographie du Chemin de la Nature
Avec les années, nous avons cité près de 4000 sources différentes pour la rédaction de nos contenus. Nous ne pouvons donc pas tout lister ici mais, pour vous donner une idée, voici quelques livres que nous consultons et citons fréquemment :
Botanique
Beentje, H. The Kew Plant Glossary, an illustrated dictionary of plant terms. Kew Publishing (2020).
Bramley, G., Trias-Blasi, A. & Wilford, R. The Kew Temperate Plant Families Identification Handbook. Kew Publishing (2023).
Eggenberg, S. et al. Flora Helvetica – Flore d’excursion. Haupt (2022).
Mauseth, J. D. Botany: An Introduction to Plant Biology. Jones and Bartlett Learning (2019).
Poland, J. et al. The Vegetative Key to the British Flora. Botanical Society of the British Isles (2020).
Stace, C. New flora of the British Isles. C&M Floristics (2019).
Taiz, L., Zeiger, E., Møller, I. M. & Murphy, A. Plant Physiology and Development. Oxford University Press (2018).
Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora gallica. Flore de France. Biotope (2014).
Tison, J.-M., Jauzein, P. & Michaud, H. Flore de la France méditerranéenne continentale. Naturalia Publications (2014).
Verloove, F. & Van Rossum, F. Nouvelle Flore de la Belgique, du G.-D. de Luxembourg, du Nord de la France et des Régions voisines. Jardin botanique de Meise (2024).
Plantes toxiques et comestibles
Bois, D. Les plantes alimentaires chez tous les peuples et à travers les âges : histoire, utilisation, culture. Paul Lechevalier (1927).
Bruneton, J. Plantes toxiques : Végétaux dangereux pour l’Homme et les animaux. Lavoisier (2005).
Bubenicek, L. Dictionnaire des plantes comestibles. L’Harmattan (2001).
Burrows, G. E. & Tyrl, R. J. Toxic Plants of North America. Wiley–Blackwell (2013).
Chauvet, M. Encyclopédie des plantes alimentaires. Belin (2018).
Cooper, M. R. & Johnson, A. W. Poisonous Plants in Britain and their effects on Animals and Man. Ministry of Agriculture Fisheries and Food (1984).
Dann, G. Edible Plants : A forager’s guide to the plants and seaweeds of Britain, Ireland and temperate Europe. Anthropozoic Books (2022).
Frohne, D. & Pfänder, H. J. Poisonous Plants: A Handbook for Pharmacists, doctors, Toxicologists, Biologists and Veterinarians. Manson Pub Lt (2005).
Nelson, L. S. & Balick, M. J. Handbook of Poisonous And Injurious Plants. The New York Botanical Garden, Springer (2020).
Usher, G. A. Dictionary of Plants Used by Man. Hafner Press (1974).
Wink, M. & van Wyk, B.-E. Mind-altering & Poisonous Plants of the World. Briza (2008).
Wyse Jackson, P. Ireland’s generous nature. The past and present uses of wild plants in Ireland. Missouri Botanical Garden (2014).
Plantes médicinales
Barnes, J., Anderson, L. A. & Phillipson, J. D. Herbal medicines. Pharmaceutical Press (2007).
BHMA. British Herbal Pharmacopoeia 1983. British Herbal Medicine Association (2015).
Brinker, F. Herbal Contraindications and Drug Interactions: Plus Herbal Adjuncts with Medicines, 4th Edition. Eclectic Medical Publications (2010).
Bruneton, J. Pharmacognosie, phytochimie, plantes médicinales. Lavoisier (2016).
Edwards, S. E., Rocha, I. da C., Heinrich, M. & Williamson, E. M. Phytopharmacy: An Evidence-Based Guide to Herbal Medicinal Products. John Wiley & Sons (2015).
Gardner, Z. & McGuffin, M. American Herbal Products Association’s Botanical Safety Handbook, Second Edition. CRC Press (2013).
Garnier, G., Bézanger-Beauquesne, L. & Debraux, G. Ressources médicinales de la flore française. Vigot frères (1961).
Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur. Lavoisier Tec & Doc (2019).
Lorrain, É. Grand Manuel de phytothérapie. Dunod (2019).
Wichtl, M. & Anton, R. Plantes thérapeutiques: tradition, pratique officinale, science et thérapeutique. Cachan, France (2003).
Autres
Allen, D. E. & Hatfield, G. Medicinal Plants in Folk Tradition: An Ethnobotany of Britain & Ireland. Timber Press (2012).
André, J. Les noms des plantes dans la Rome antique. Les belles lettres (2010).
Bellakhdar, J. La pharmacopée marocaine traditionnelle : Médecine arabe ancienne et savoirs populaires. Le Fennec (2020).
Cazin, F. J. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes: avec un atlas de 200 planches lithographiées. P. Asselin (1868).
Ducourthial, G. Flore magique et astrologique de l’Antiquité. Belin (2003).
Lieutaghi, P. Le livre des arbres, arbustes & arbrisseaux. Actes Sud (2004).
Milliken, W. & Bridgewater, S. Flora Celtica: Plants and People in Scotland. Birlinn Ltd (2004).
Moerman, D. E. Native American Ethnobotany. Timber Press (1998).
Sébillot, P. Croyances, mythes et légendes des pays de France. Omnibus (2018).
Teyssou, R. Nouveau dictionnaire mémorable des remèdes d’autrefois. Editions L’Harmattan (2018).
Vickery, R. Vickery’s Folk Flora: An A-Z of the Folklore and Uses of British and Irish Plants. W&N (2019).
Sources pour cet article
1. Bruneton, J. Plantes toxiques : Végétaux dangereux pour l’Homme et les animaux. Lavoisier (2005).
2. HMPC. Hippocastani semen. European Medicines Agency. (2020) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/en/medicines/herbal/hippocastani-semen.
3. Cazin, F. J. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes: avec un atlas de 200 planches lithographiées. P. Asselin (1868).
4. Beaux, D., Fleurentin, J. & Mortier, F. Effect of extracts of Orthosiphon stamineus benth, Hieracium pilosella L., Sambucus nigra L. and Arctostaphylos uva-ursi (L.) spreng. in rats. Phytother. Res. 13, 222‑225 (1999).
5. Allen, D. E. & Hatfield, G. Medicinal Plants in Folk Tradition: An Ethnobotany of Britain & Ireland. Timber Press (2012).
6. De Feo, V., Aquino, R., Menghini, A., Ramundo, E. & Senatore, F. Traditional phytotherapy in the Peninsula Sorrentina, Campania, Southern Italy. J. Ethnopharmacol. 36, 113‑125 (1992).
7. Mustafa, B. et al. Medical ethnobotany of the Albanian Alps in Kosovo. J. Ethnobiol. Ethnomedicine. 8, 6 (2012).
8. Grigson, G. The Englishman’s Flora. Helicon (1996).
Pour aller plus loin
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