La consoude officinale (Symphytum officinale) ou grande consoude est une plante médicinale traditionnellement utilisée depuis plus de 2000 ans1. Elle appartient à la famille des Boraginacées.
Elle possède des propriétés cicatrisantes, anti-inflammatoires et analgésiques démontrées1,2.
La consoude a été utilisée traditionnellement pour consolider les fractures. En effet, le nom latin “Symphytum” dérive du grec “symphis” qui signifie “union, cohésion” et “phyton” qui signifie “plante”. Le nom vernaculaire consoude vient du latin “consolida”3. Son efficacité réelle reste cependant à objectiver.
De l’Antiquité à la Renaissance : une vérité fragile
Dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, le nom de consoude utilisé chez les grecs se réfère en réalité à Coris monspelliensis ou Symphyton des pierres. Pline lui associe la propriété de réparer les os fracturés4. Il y a donc pu avoir un lapsus entre le nom grec et l’usage associé par la suite dans l’histoire.
En effet, la racine de grande consoude utilisée en cataplasme jouissait d’une réputation très populaire au Moyen-Âge pour guérir les os brisés5.
Au XVIème siècle, dans son chapitre dédié aux “Douleurs et fractures”, Mattioli préconise de piler la racine de grande consoude et de l’appliquer sur la partie concernée6.
Des avis controversés du XIXème au XXème siècle
Mais au XIXème siècle, cet usage de la grande consoude est très controversé, voire absent des ouvrages référents de l’époque.
Pour Cazin, ses propriétés relèvent d’une “haute opinion” loin d’être justifiée qui résulte “d’erreurs de crédulité de la part des anciens”. Selon ce dernier : “le plus simple examen suffit à le démontrer”7. Dans les ouvrages respectifs de Duchesne et de Egasse et Dujardin, l’usage en cataplasme contre les fractures est passé sous silence bien que la grande consoude soit reconnue comme une plante médicinale8,9. Chez Rodin, l’espèce ne figure même pas dans la liste de sa pharmacopée10.
À l’inverse, au début du XXème siècle, la plante entière est clairement indiquée par Grieve en cataplasme pour désinflammer les zones douloureuses autour de la fracture et ainsi participer à la consolidation des articulations5.
Le verdict scientifique des tests cliniques
Mais la phytothérapie scientifique rejoint aujourd’hui les phytothérapeutes du XIXème siècle. En 2015, l’Agence européenne du médicament n’indique pas l’usage de la consoude officinale contre les fractures. Cet usage qui relève du mythe n’occulte en rien l’efficacité des racines de grande consoude contre les entorses et les contusions1.
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Sources
1. Eureopean Medicines Agency. Assessment report on Symphytum officinale L., radix Sci. Med. Health. 27 (2015).
2. Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur Lavoisier Tec & Doc (2019).
3. Couplan, F. Les plantes et leurs noms Éditions Quæ (2012).
4. Pline l’Ancien. Histoire naturelle de Pline. Tome 2 Firmin-Didot et Cie (1877).
5. Grieve, M. A Modern Herbal Cape (1931).
6. Mattioli, P. A. Pour les douleurs et fractures in Comment. M Pierre André Matthiole Med. Senois Sur Six Livres Ped Dioscor Anazarbeen Matiere Med. (1579).
7. Cazin, F. J. Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes: avec un atlas de 200 planches lithographiées P. Asselin (1868).
8. Duchesne, E. A. Répertoire des plantes utiles et des plantes vénéneuses du globe Jules Renouard (1836).
9. Egasse, Ed. & Dujardin-Beaumetz, G. Les Plantes médicinales indigènes et exotiques, leurs usages thérapeutiques, pharmaceutiques et industriels Octave Doin (1889).
10. Rodin, H. Les Plantes médicinales et usuelles de nos champs, jardins, forêts ; description et usages des plantes, comestibles, suspectes, vénéneuses (1872).