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Au printemps, on s’émerveille de bien des choses et surtout de l’explosion de couleurs des jeunes fleurs et feuilles qui sortent tout juste de leurs bourgeons ! Ils ont “dormi” toute la “mauvaise saison”, et se “réveillent” au printemps.

Qu’est ce qu’un bourgeon

La réponse à cette question paraît peut-être évidente, mais l’est-elle réellement ?
Déjà, il existe plusieurs types de bourgeons dont les bourgeons foliaires et les bourgeons floraux. Les bourgeons foliaires vont donner les tiges, branches et feuilles de la plante, tandis que les bourgeons floraux vont donner… les fleurs, évidemment. Et la plante peut choisir que faire de ses bourgeons, en fonction des conditions de température, d’ensoleillement… Ils peuvent être apicaux (ou terminaux) s’ils sont à l’extrémité d’une tige ou d’une branche, et axillaires s’ils sont aux aisselles des feuilles, au niveau des nœuds.

Si on schématise, un bourgeon ressemble à une version tassée, miniature, d’une branche complète, ou d’une fleur. Ces organes miniatures s’organisent autour d’une “zone méristématique”, c’est-à-dire un réservoir de cellules souches qui sont capables de former n’importe quelles autres cellules spécialisées de la plante. Le tout est souvent enrobé, pour les arbres en tout cas, d’une couche d’écailles recouvertes de cire, extrêmement solide et imperméable, qui leur permet de résister à des températures très basses (1)

Les bourgeons sont utilisés dans les remèdes de gemmothérapie. On utilise traditionnellement un mélange eau/alcool/glycérine, trois solvants permettant d’extraire de nombreuses molécules différentes, directement en faisant macérer les bourgeons dans le solvant. Le résultat obtenu constitue ce qu’on appelle le macérat mère.

Les bourgeons peuvent également être utilisés pour identifier les arbres en hiver !
Petit exemple en vidéo.

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Petite histoire de la gemmothérapie :

Pour certaines personnes, dont le Dr. Pol Henry, médecin homéopathe belge (1918-1988), il ne faisait aucun doute que l’”énergie biologique” contenue dans ces bourgeons qui renaissaient à chaque printemps contenait un potentiel curatif. Partant de cette idée, il théorise dans les années 1950-1960 une nouvelle discipline, et publie en 1959 un manuel sur la phytembryothérapie (2). Si on décortique l’étymologie du nom, il s’agit de la thérapie, le soin, par des embryons de plantes. Dans sa définition originale “La gemmothérapie est une thérapeutique basée sur la mise en valeur biologique potentielle des végétaux et des minéraux.” (3)

Rapidement, le Dr. Max Tétau se retrouve associé à Pol Henry. Ce médecin français propose le terme “gemmothérapie” du grec “gemmos” : gemme, ou bourgeon. Ensemble, ils élaborent une dilution au dixième, moins concentrée que les macérats mères, les solutions 1DH.
Dans leurs usages classiques, les formes non diluées (macérat mère ou macérat concentré) ainsi que leurs dilutions (macérat D1) s’utilisent pour les propriétés suivantes :

  • Drainer le corps humain afin d’éviter l’exposition de nos cellules et organes aux toxines et pollutions diverses.
  • Limiter le vieillissement des cellules grâce entre-autres à leurs propriétés antioxydantes liées aux flavonoïdes et aux vitamines.
  • Améliorer nos défenses immunitaires et renforcer le corps contre la maladie.

Les remèdes de bourgeons

Véritable mode à chaque printemps, la gemmothérapie fait fureur en France et en Belgique où elle a été inventée.
Beaucoup de médecins insistent sur le fait que c’est une pratique essentiellement préventive, et non curative. Consommer des bourgeons vous empêcherait de tomber malade en stimulant votre organisme, bien qu’aucune étude scientifique ne permette actuellement d’étayer formellement ces usages traditionnels.
Devant l’intérêt du public pour ces préparations, nous espérons que les laboratoires seront plus enclins à mesurer les effets et les bénéfices réels des remèdes de gemmothérapie dans le futur, car il ne fait aucun doute qu’ils contiennent de nombreux principes actifs.

A titre d’exemple, de nombreux composés phénoliques ont effectivement été retrouvés dans les bourgeons les plus célèbres en gemmothérapie comme le cassis (Ribes nigrum), le rosier sauvage (Rosa canina) ou le tilleul (Tilia tomentosa) (4).

Il est raisonnable de penser que les préparations de bourgeons en gemmothérapie ont au minimum des propriétés similaires à des extractions alcooliques d’autres parties de ces plantes, et leurs usages correspondants indiqués en phytothérapie classique. Toutefois, il faut garder en tête que les extraits préparés soi-même ou ceux du commerce peuvent avoir des compositions très différentes, donc on ne peut avoir aucune certitude sur la quantité des principes actifs qui sont effectivement extraits 5 !

Si vous souhaitez vous aussi faire une petite cure de bourgeons, il vous suffit de suivre ces quelques étapes, résumées en vidéo par Christophe :

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Etape 1 : Cueillir des bourgeons

La cueillette des bourgeons se fait traditionnellement au printemps, pendant leur période de “débourrement”, à laquelle ils entrent en activité après l’hiver.
Chaque arbre aura une période de débourrement différente – qui peut varier entre différentes régions, altitudes, ou conditions climatiques, puisque l’arbre est capable d’intégrer des signaux comme la durée du jour et les températures pour déclencher la pousse de ses nouvelles feuilles à la période la plus optimale.
Cueillir des bourgeons demande donc un bon sens de l’observation, sans compter qu’il vous faudra pouvoir identifier l’arbre sans ses feuilles !

Pour chaque type de bourgeon, il est préférable de ne cueillir qu’en petites quantités (un petit bocal en verre par bourgeon sera suffisant), et éviter de tout cueillir au même endroit, au risque de voir votre arbre complètement déplumé ! Souvenez-vous qu’un arbre a besoin de ses bourgeons terminaux pour grandir et se reproduire ! Vérifiez également la réglementation de votre département sur les prélèvements sur arbre et préférez les branches élaguées par exemple, pour nuire le moins possible !

Etape 2 : Préparer son solvant

Pour faire macérer les bourgeons, on utilise un mélange de 3 solvants :

  • l’eau, qui permet de diluer les molécules qui s’y dissolvent (vitamines C et B, minéraux, tanins, flavonoïdes, saponosides, sucres, protéines…)
  • l’alcool (entre 50° et 95°), qui permet de diluer des molécules comme les alcaloïdes, les acides, les résines ou les composés aromatiques
  • la glycérine (E422), qui permet de diluer des composés aromatiques, des flavonoïdes, les cires ou les gommes.

Si vous utilisez de l’alcool à 95%, alors faites un mélange équivalent ⅓ eau, ⅓ alcool, ⅓ glycérine. Or cet alcool est difficilement disponible dans le commerce. Attention, n’utilisez surtout pas de l’alcool modifié… comme son nom l’indique, on lui a rajouté des substances pour qu’il ne soit pas buvable !
Si vous utilisez de l’alcool à 55%, plus facile à trouver dans le commerce (qui contient logiquement 45% d’eau), alors faites un mélange de ⅔ alcool, et d’⅓ de glycérine, ce qui reviendra au même.
Si vous ne trouvez pas de glycérine végétale dans le commerce, il est possible de la remplacer par du miel ou du sirop d’agave.

Etape 3 : Faire macérer vos bourgeons

Pour faire un macérat mère, la méthode la plus simple est de recouvrir vos bourgeons dans un bocal avec votre solvant.
Il est recommandé de mettre environ 15 à 20 g de bourgeons frais dans 100 mL de solvant.
Il faudra ensuite macérer dans un contenant hermétique pendant au moins 21 jours, à l’abri de la lumière et en remuant 1 à 2 fois par semaine.

bocal gemmotherapie

Etape 4 : Filtrer et conserver son remède

Une fois la période de macération terminée, vous pouvez filtrer en utilisant une passoire très fine, un sac à jus ou un bas propre en nylon. Si vous avez laissé macérer au-delà des 21 jours ce n’est pas grave. Laissez passer le macérat par gravité, et pressez éventuellement un peu à la fin pour en récupérer plus. N’oubliez pas d’annoter vos bocaux avec le nom de la plante, la date et le lieu de récolte pour vous en rappeler. Ces préparations peuvent être stockées pendant 1 à 2 ans.

Etape 5 : mode d’emploi

Dans son utilisation classique, le remède de gemmothérapie doit être pris en cures de 5 à 15 gouttes par jour, pures ou diluées dans de l’eau, pendant 21 jours minimum. Il est recommandé de faire une pause de 7 jours entre les cures.

De nombreux ouvrages existent pour vous apprendre à utiliser la gemmothérapie et connaître leurs propriétés. Il y a très peu de contre-indications et de précautions d’emploi pour ces macérats mères pour les adultes en bonne santé (6,7). Par prudence, les femmes enceintes et les enfants devraient éviter en raison de la présence d’alcool. Si vous suivez un traitement médicamenteux, demandez conseil à un professionnel de santé avant de vous lancer dans une cure de gemmothérapie.

Vous savez presque tout ! Il ne vous reste plus qu’à aller apprendre à reconnaître les arbres à leurs bourgeons ! Si vous cherchez un livre pour vous aider, vous pouvez consulter le livre de Christophe “Les bienfaits des arbres” (8), ainsi que des livres d’identification par les bourgeons (9) ou l’écorce (10).

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Sources

1.Raven, P., Evert, R., Eichhorn, S. & Bouharmont, J. Biologie végétale. De Boeck (2015).
2.Henry, P. Phytembryothérapie. (1959).
3.Andrianne, P. La Gemmothérapie : passé, présent et avenir. Phytothérapie 6, 29‑32 (2008).
4.Ieri, F., Innocenti, M., Possieri, L., Gallori, S. & Mulinacci, N. Phenolic composition of « bud extracts » of Ribes nigrum L., Rosa canina L. and Tilia tomentosa M. J. Pharm. Biomed. Anal. 115, 1‑9 (2015).
5.Liu, P., Kallio, H. & Yang, B. Flavonol glycosides and other phenolic compounds in buds and leaves of different varieties of black currant (Ribes nigrum L.) and changes during growing season. Food Chem. 160, 180‑189 (2014).
6.Anne-Claire, V. UN POINT SUR LA GEMMOTHERAPIE EN 2012. 196 (2015).
7.Pineau, L. Le grand livre de la gemmothérapie. Leduc.s (2019).
8.De Hody, C. Les bienfaits des arbres. Epa Eds (2018).
9.Schulz, B. Bourgeons et rameaux. Delachaux (2015).
10.Godet, J. Guide des écorces des arbres d’Europe – Reconnaître et comparer les espèces. Delachaux (2012).

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