Hommage aux femmes botanistes, pour la journée internationale du droit des femmes
Contrairement à ce que voudraient laisser entendre les opérations marketing ce jour là, le 8 mars n’est pas la “fête de la femme”, mais la journée internationale des droits des femmes.
La nuance ? Officiellement, cette journée est consacrée à la lutte pour les droits et contre les discriminations des femmes. Elle n’est pas prévue originellement pour offrir des roses ou des boîtes de chocolat à ses collègues féminines !
Pour célébrer cette journée à notre façon, nous voulions consacrer un petit article à la place des femmes dans le monde de la botanique.
Cueilleuses, sorcières, herboristes… mais pas botanistes
Lorsqu’on pense à la préhistoire, l’imaginaire collectif nous projette un homme des cavernes fort et triomphant à la chasse, et une femme frêle au foyer, cueillant des plantes pour sa communauté. Les archéologues sont désormais d’accord pour dire que la place de la femme était bien plus importantes dans les populations du Paléolithique et du Néolithique.
De l’Antiquité au Moyen-Age, les femmes avaient accès aux connaissances pratiques et empiriques des plantes. Guérisseuses et apothicaires existaient alors au Moyen-Age. Lorsque l’étude des plantes est devenue théorique et rationnelle avec l’émergence de la science qu’est la botanique, le rapport des femmes aux plantes a bien changé. Exclues du domaine académique, elles ont petit à petit été repoussées du monde des plantes.
La botanique est ainsi restée, pendant très longtemps, réservée aux hommes. Les femmes ne pouvaient y prétendre que grâce à des ouvrages vulgarisés, portant des noms tels que “Botanique pour les femmes et les amateurs de plantes”. Les “Botaniques des dames”, bien que très populaire à cette épique, signifiait néanmoins que la femme n’était de fait, pas considérée comme éligible à devenir une spécialiste de la discipline. En dehors d’un passe-temps bourgeois d’illustration ou des activités de jardinage, la science des plantes restait masculine !
Quelques exceptions…
Encore aujourd’hui, la plupart des livres sur l’histoire de la botanique, même récents, ne daignent même pas mentionner les noms des femmes qui ont fait avancer les connaissances de cette discipline. Parce que oui, il y en a !
Attardons nous sur quelques femmes botanistes inspirantes qui ont su se démarquer dans un monde essentiellement masculin.
Jane Colden (1724-1766)
Fille du médecin Cadwallader Colden qui lui apprend la classification linnéenne des plantes, elle est considérée comme la première femme botaniste américaine. Elle va identifier et nommer plus de 300 espèces de plantes new-yorkaises avant de se marier et d’interrompre sa carrière. Son travail ne reçut d’attention que 75 ans plus tard, lorsqu’une autre botaniste américaine, Almira Hart Lincoln Phelps (1793-1884) déclara Jane Colden comme étant la première du pays.
Jeanne Barret (1740-1807)
Jeanne Barret a fait l’objet de nombreux articles et chroniques, et pour cause : son parcours est assez impressionnant ! Elle est considérée comme la première femme a avoir effectué un tour du monde complet. Comment faire alors qu’à l’époque, les femmes étaient interdites à bord des navires ? Jeanne n’a pas hésité à s’embarquer en se déguisant en homme sous le nom de Jean Barret, en tant que valet et assistant du célèbre naturaliste Philibert Commerson.
Au sein de l’expédition de Bougainville, Commerson et elle découvriront et décriront de nombreuses espèces de plantes. Un genre botanique “Baretia” lui est dédié, ainsi que le nom d’une espèce de Solanaceae, découverte en Amérique du Sud : Solanum baretiae.
Mme Dugage de Pommereul (1733-1782), botaniste au Jardin du Roi.
Les historiens de la botanique ont longtemps occulté ce personnage, qui bénéficiait pourtant d’une grande réputation et entretenait une communication épistolaire avec Linné le Jeune, le fils du célèbre Carl von Linné. Issue de la petite noblesse bretonne, elle suit les cours de botanique d’Antoine Laurent de Jussieu et est sollicitée par André Thouin, le jardinier en chef au Jardin du Roi pour établir la classification des graminées de l’Ecole de botanique.
Linné junior lui dédiera même un genre botanique : Pommereulla cornucopiae, une espèce de Poaceae originaire du Sri Lanka. Et heureusement ! Car cette femme botaniste mourra d’un cancer du sein sans que son nom et ses travaux aient réellement pu passer à la postérité.
Anna Atkins (1799-1871), botaniste photographe.
Anna Atkins est une botanique britannique. Son travail est remarquable surtout par les techniques qu’elle a mis en oeuvre pour photographier les plantes, grâce au procédé du cyanotype. Elle s’intéresse surtout aux algues marines d’Angleterre. En 1839, elle devient membre de la Société botanique de Londres, une des seules institutions qui accepte les femmes, à l’époque.
Si vous ne connaissez pas le cyanotype, c’est une superbe idée de cadeaux pour vos proches.
Agnes Arber (1876-1960)
En terme de parcours de vie, Agnes Arber est inspirante. Malgré son genre et sa situation familiale, veuve, assez pauvre avec des enfants à charge, elle parvient à produire plus de 226 publications. Malgré des idées controversées, elle fut la première femme botaniste à intégrer la Royal Society en 1946, et la première femme à recevoir la médaille d’or de la Linnean Society de Londres pour ses travaux en botanique.
Nous ne pouvons pas toutes les citer malheureusement, mais sachez qu’il y a des dizaines de femmes botanistes qui ont marché dans l’ombre de leurs homologues masculins. Une liste de botanistes ainsi qu’une liste des femmes en sciences sont disponibles sur cette page Wikipedia.
Profitons-en pour rendre un petit hommage à l’experte botaniste de notre équipe du Chemin de la Nature : Sarah Silvereano.
Serez-vous la prochaine ?
Serez-vous la prochaine ?
En 2021, devenir botaniste est possible en France, peu importe votre genre. De nombreuses sorties de terrain proposées par des associations naturalistes ou des sociétés botaniques locales vous permettent de vous initier à la reconnaissance des végétaux.
Pour tous les aspects théoriques, il existe encore des diplômes universitaires, souvent proposés par les facultés de pharmacie, permettant d’apprendre la botanique.
Le MOOC Botanique de Tela Botanica est un excellent point de départ, de même que des initiatives de sciences participatives comme les Herbonautes ou Sauvages de ma Rue.
Vous pouvez consulter gratuitement nos vidéos Youtube pour vous familiariser avec la botanique.
Pour aller plus loin, nous proposons également la formation en ligne du Cueilleur qui vous permettra d’identifier les plantes pour mieux en faire usage en apprenant tous les risques de confusions qui leurs sont associés. Une démonstration avec la famille des Asteraceae dans la démo gratuite de notre formation en ligne.