Aubépine, coeur, stress et grignotage

Aubépine, coeur, stress et grignotage

L’aubépine est une plante sauvage et comestible qui s’invite à toutes les tables : celles des gourmands, celles des naturalistes, celles des médecins mais aussi celles des poètes. En témoigne cette citation de René Char au XXème siècle, qui rend hommage à la nature symbolisée par ce bel arbuste “L’aubépine en fleur fut mon premier alphabet”. Car si l’aubépine en fleur parle à notre cœur, elle le nourrit et plus encore, le soigne…

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L’aubépine, un arbuste de longue vie

L’attrait romantique de l’aubépine lui vient plus de ses belles fleurs blanches, que de son tronc et de ses rameaux piquants et épineux. Ses fleurs sont typiques de la famille des Rosacées, dans laquelle on retrouve d’autres plantes comme les ronces (Rubus spp.), le prunellier (Prunus spinosa) et de nombreux autres fruitiers. Les fleurs d’aubépine ont 5 sépales et pétales libres (avec souvent 5 sépalules en plus), portent de nombreuses étamines et dégagent un parfum prononcé. Les feuilles de l’aubépine sont simples, lobées, dentées et ont une couleur verte brillante¹,²

L’aubépine est un arbuste qui mesure entre 2 et 10 m de haut. Il est très commun et on le trouve partout en France excepté sur le pourtour du bassin méditerranéen²,³.

Malgré sa petite taille comparée à des arbres plus imposants comme le chêne pédonculé (Quercus robur), l’aubépine peut vivre très longtemps, et atteindre l’âge de 500 ans !

Une aubépine, des aubépines

Derrière le nom d’aubépine se pose la question du style. Non pas de son allure, car l’aubépine est un très bel arbuste, il s’agit plutôt de distinguer 2 espèces : l’aubépine à un style (Crataegus monogyna), dont le fruit ne possède qu’un seul noyau et l’aubépine à 2 styles (Crataegus laevigata), dont le fruit possède 2 noyaux⁴. Ces deux espèces peuvent parfois s’hybrider. Bien qu’il soit toujours de mise d’être rigoureux sur son identification, il n’y a pas de réel enjeu hormis celui d’être un bon botaniste, car pour ces deux espèces, les usages en cuisine et en médecine sont similaires.

La cueillette au fil des saisons

Les bourgeons, les fleurs, les feuilles et les fruits se récoltent chez l’aubépine, à différentes périodes de l’année.

Les bourgeons apparaissent début mars, suivis par les fleurs que l’on pourra cueillir pendant la période de floraison d’avril à juin. 

L’automne est la période optimale pour récolter les “cenelles”, autrement dit les fruits de l’aubépine, visibles jusqu’en janvier. Ils ressemblent à de petites pommes rouges, qui ne vous emmèneront pas en enfer, mais pas non plus au 7ème ciel, car leur goût reste simple et un peu farineux.  

L’aubépine a cependant d’autres qualités : c’est une plante généreuse dont les fleurs et les fruits sont disponibles en très grande quantité. Pour en savoir plus sur les fruits de l’aubépine, vous pouvez consulter notre article : “Des fruits simples et généreux : les cenelles de l’aubépine”.

L’aubépine en cuisine

En cuisine, ce sont surtout les cenelles qui offrent de multiples possibilités de recettes. Elles sont meilleures cuites, car la cuisson relève leur goût sucré. On peut par exemple en faire un délicieux ketchup maison, dont vous trouverez la recette dans notre article “Recette du ketchup de cenelles, fruits de l’aubépine”. 

On peut aussi en extraire la pulpe, qui peut être séchée, puis mélangée et cuite avec d’autres fruits (pommes, poires…) pour en faire des gelées, confitures, chutneys et compotes. Elles peuvent aussi être mises à sécher, pour ensuite être broyées, afin d’en faire une farine, que l’on pourra ensuite mélanger à d’autres. Avec ce mélange de farine, on peut préparer des galettes, des cakes, des biscuits, etc. 

Pour allier l’utile à l’agréable, il est bon de savoir que les cenelles consommées crues fournissent un bon apport en vitamine C. Elles sont aussi riches en sélénium, en potassium, en fer et en magnésium⁵-⁸

En dehors des fruits de l’aubépine, les bourgeons et très jeunes feuilles d’aubépine, tendres et frais apportent au printemps un brin de fraîcheur dans les plats, et peuvent par exemple être hachés sur des salades.

L’aubépine : une plante qui soigne le coeur

L’aubépine a des propriétés tonicardiaques : elle aide les cœurs fatigués à bien fonctionner, notamment en cas d’arythmie, tachycardie, anxiété… Elle convient bien aux personnes émotives, nerveuses, qui ont des troubles du sommeil.

Si vous ressentez des petits symptômes cardiaques, partez cueillir des bouquets de fleurs d’aubépine pour vous en faire des infusions. Les fleurs de l’aubépine ont des propriétés reconnues et validées par les organismes référents de santé. Elles appartiennent aussi à la liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement en France, tout comme les fruits⁹. Pour vos infusions, vous pouvez tout à fait mélanger les fleurs du printemps aux fruits ramassés en automne, votre tisane n’en sera que plus gourmande et plus belle ! Il suffit de faire infuser une cuillère à café de sommités fleuries pendant 10 à 15 minutes. On peut aussi préparer les fruits en alcoolature¹⁰,¹¹.

Les fruits auraient les mêmes propriétés que les fleurs mais ne bénéficient pas du même recul scientifique, car les études sont moins nombreuses à leur sujet. L’usage médicinal de l’aubépine ne date pas d’hier, et les propriétés validées par les études cliniques reposent au départ sur une connaissance traditionnelle.

Aujourd’hui, l’aubépine est toujours d’actualité, on la trouve dans les pharmacies où elle est vendue comme compléments alimentaires sous forme de poudre, de gélule, et sous format homéopathique. Bien que ses effets soient reconnus sur les symptômes cardiaques légers, il est toujours bon d’avoir un avis médical et d’aller consulter si vous avez desproblèmes cardiaques importants.

Contre-indications

L’aubépine est contre-indiquée pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 18 ans, ainsi qu’en cas de troubles cardiaques dont l’origine n’est pas identifiée et qui nécessite l’avis de votre médecin¹³.

L’aubépine au jardin

Plutôt que de planter des rangs de résineux comme le thuya, qui acidifient le sol et s’érigent en haies silencieuses, privilégiez des arbustes comme l’aubépine, dont les épines fournissent un rempart efficace et les fleurs et fruits une haie vivante et nourricière. Car l’aubépine nourrit aussi oiseaux et insectes et offre un refuge pour de nombreux animaux. Elle joue un rôle tout particulier pour les reines bourdons et autres groupes d’abeilles à la sortie de l’hiver car leurs fleurs sont mellifères et offrent une ressource de nectar vitale à ce moment de l’année¹⁴

L’aubépine est pour cette raison, un arbuste très apprécié des apiculteurs, les abeilles y trouvent une nourriture abondante, qui en fin de parcours, donnera le fameux miel d’aubépine.

Avec tous ces avantages, l’aubépine fait donc partie des arbustes particulièrement adaptés pour préserver l’intimité de nos jardins, d’autant qu’il est très facile à planter et ne demande pas d’entretien particulier, sauf la taille bien sûr selon la sensibilité de chacun.

Risques de confusions

On pourrait confondre l’aubépine avec d’autres arbustes qui pourraient aussi être plantés à ses côtés afin d’avoir une haie gourmande et diversifiée : 

L’églantier ou rosier sauvage (Rosa canina) est un arbrisseau dont les aiguillons sont crochus à la différence des épines acérées de l’aubépine. Les feuilles de l’aubépine sont simples et découpées en 3 à 5 lobes en dents de scie, tandis que les feuilles de l’églantier sont composées de plusieurs folioles ovales bien séparées. L’aubépine possède un seul tronc, tandis que l’églantier à sa base à plusieurs troncs. Enfin, le faux fruit de l’aubépine contient un ou deux gros noyaux durs, tandis que dans celui de l’églantier se trouve plein de petits fruits secs recouverts de poils, ce sont les fameux “poils à gratter”.

Le prunellier (Prunus spinosa) a une écorce brune, contrairement à l’aubépine dont l’écorce est blanche, d’où leurs autres noms respectifs “épine noire” et “épine blanche”. C’est aussi un arbrisseau avec des feuilles simples ovales et dentées, qui ne sont pas découpées comme celles de l’aubépine et qui ont un pétiole rougeâtre. Les fruits du prunellier ressemblent à de grosses boules noires aux reflets violacés. Ce sont les prunelles, qui peuvent être cuisinées en gelée ou encore mises à macérer pour en faire de la liqueur.

Lors de vos balades, ne manquez pas le rendez-vous avec l’aubépine, ses fleurs ne manqueront pas de faire battre votre cœur !

Pour aller plus loin

Nous vous rappelons que la cueillette sauvage comporte des risques, que vous pouvez découvrir ici les règles et précautions pour la cueillette. Il est indispensable d’être sûr à 100% de vos identifications avant de consommer une plante, quelle qu’elle soit.

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Sources

  1. Tison, J.-M. & de Foucault, B. Flora Gallica. Flore de France Biotope (2014).
  2. Rameau, J. claude, Mansion, D. & Dumé, G. Flore forestière française, guide écologique illustré vol. 1 IDF (2017).
  3. Julve, P. H. Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France (2024) Disponible sur : https://api.tela-botanica.org/service:cumulus:doc/c6f031b23d74373071094f2b1347b5813a3fc2c7.
  4. Thomas, H. Senescence, ageing and death of the whole plant New Phytol. 197, 696‑711 (2013).
  5. Ruiz-Rodríguez, B. M. et al. Wild blackthorn (Prunus spinosa L.) and hawthorn (Crataegus monogyna Jacq.) fruits as valuable sources of antioxidants Fruits. 69, 61‑73 (2014).
  6. Yalçın Dokumacı, K., Uslu, N., Hacıseferoğulları, H. & Örnek, M. N. Determination of Some Physical and Chemical Properties of Common Hawthorn (Crataegus Monogyna Jacq. Var. Monogyna) Erwerbs-Obstbau. 63, 99‑106 (2021).
  7. Barros, L., Carvalho, A. M. & Ferreira, I. C. F. R. Comparing the composition and bioactivity of Crataegus Monogyna flowers and fruits used in folk medicine Phytochem. Anal. PCA. 22, 181‑188 (2011).
  8. Özcan, M., Hacıseferoğulları, H., Marakoğlu, T. & Arslan, D. Hawthorn (Crataegus spp.) fruit: some physical and chemical properties J. Food Eng. 69, 409‑413 (2005).
  9. ANSM. Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement (2025) Disponible sur : https://ansm.sante.fr/uploads/2025/01/02/liste-a-des-plantes-medicinales-utilisees-traditionnellement-janvier-2025.pdf.
  10. Wichtl, M. & Anton, R. Plantes thérapeutiques : Tradition, pratique officinale, science et thérapeutique Lavoisier Tec & Doc (2003).
  11. Goetz, P. & Hadji-Minaglou, F. Conseil en phytothérapie : Guide à l’usage du prescripteur Lavoisier Tec & Doc (2019).
  12. Lapraz, J.-C. & Carillon, A. Plantes médicinales – Phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique Lavoisier Tec & Doc (2017).
  13. Committee on Herbal Medicinal Products (HMPC). European Union herbal monograph on Crataegus spp., folium cum flore (2016) Disponible sur : https://www.ema.europa.eu/documents/herbal-monograph/final-european-union-herbal-monograph-crataegus-spp-folium-cum-flore_en.pdf.
  14. Klimczak, É. & Bayan, T. Gestion en faveur des abeilles sauvages (2024) Disponible sur : https://pollinisateurs-ressources.insectes.org/uploads/files/opie-2024-gestions-en-faveur-des-abeilles-idf-compressed-67497a3d793c1947642232.pdf.

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