Plante, qui es-tu ?
Le buis commun (Buxus sempervivens) est une espèce de plantes dont on parle peu. Et pourtant, cet arbuste à feuilles persistantes a une caractéristique commune avec le sapin, le houx ou le gui : il reste vert, même en hiver ! Le genre Buxus est assez grand puisque l’on y retrouve 90 espèces environ, sur tous les continents. Le buis commun est l’une des deux seules espèces indigènes d’Europe. Il pousse aussi bien à l’état sauvage que cultivé et il en existe d’ailleurs de nombreuses variétés horticoles.
La reconnaître à tous les coups
Le buis est un arbuste dont le premier critère d’identification pourrait facilement être l’odeur ! Certains l’adorent, d’autres l’abhorrent, et pour cause, il arrive qu’il laisse un petit parfum d’ammoniaque, voire… osons le dire, d’urine de chat.
Sa croissance est très lente et il peut vivre plusieurs siècles. C’est peut être pour cela qu’il est si prisé dans les jardins d’ornement : il ne prend pas de place très vite, et l’on peut le tailler de toutes les façons que l’on souhaite. Dans la nature, il peut tout de même atteindre 8m si on lui laisse le temps. Leurs branches courtes et leurs petites feuilles ovales, coriaces et vert foncées sont très caractéristiques du buis. Le plante est monoïque, portant des fleurs mâles et des fleurs femelles sur le même pied. Les fleurs sont assez discrètes mais ruissellent de nectar jusqu’à l’automne, ce qui en fait une espèce capitale pour les insectes !
La cueillette
Lorsqu’on parle du buis, ce n’est pas tant sa cueillette qu’il paraît important de relever, mais plutôt sa culture. Des dizaines de variétés de buis existent à l’état cultivé et c’est un grand classique des jardins d’agrément européens. Les jardiniers du monde entier se lancent dans des tailles formidables pour leur donner l’aspect d’animaux géants, de nuages, de véritables sculptures végétales… Oui, pensez aux cloîtres d’abbayes et à ces carrés parfaits. Il s’agit du buis !
Si on l’apprécie tant, c’est car il n’est pas très capricieux. Il préfère les sols calcaires mais s’adapte à tout, aime la mi-ombre mais ne rechigne pas à plus de lumière, il est résistant au gel, au vent, à l’absence d’eau… bref c’est une plante pas si difficile ! On la récolte souvent en hiver pour réaliser des couronnes ou des décorations de Noël. Dans certaines régions, les branches de buis étaient bénies le jour de la fête des Rameaux, et conservées précieusement toute l’année pour porter chance.
Côté cuisine et toxicité
Rien qu’à leur odeur, les feuilles de buis ne donnent pas envie de les manger. D’ailleurs à notre connaissance, on n’utilise guère le buis comme plante comestible. N’hésitez pas à nous écrire si vous entendez l’inverse ! Les feuilles sont d’ailleurs réputées comme toxiques à fortes doses.
Côté médicinal
Les feuilles et les racines du buis contiennent de nombreux alcaloïdes, dont les propriétés sont toujours en cours d’analyse par des laboratoires. Traditionnellement, on attribue à cette plantes des propriétés sudorifiques et fébrifuges, utilisées pour traiter tantôt les rhumatismes, l’arthrite, la goutte, les fièvres… mais attention à ne pas essayer tout seul à la maison et sans avis médical. Tout excès se solderait par des vomissements, des vertiges, des tremblements voire des paralysies ! (1,2)
L'info insolite
Certaines variétés de buis sont aujourd’hui décimées par la larve d’un petit papillon, la pyrale du buis (Cydalima perspectalis). La chenille, vorace ne se nourrit que des feuilles de buis, dans lesquelles elles tissent des toiles parfois immenses ce qui tue petit à petit les arbustes.
Observée pour la première fois en France autour de 2008 (mais probablement plus ancienne), elle est dans la liste des ravageurs à surveiller. N’ayant pas de réels prédateurs sous nos latitudes, elle prospère dans nos haies de buis et détruisent parfois de grandes surfaces si l’on n’intervient pas.
Pour aller plus loin...
En anglais, le buis s’appelle « boxwood », littéralement « bois de boîte ». Et ce n’est pas pour rien ! Pendant très longtemps, de nombreux outils étaient réalisés en bois de buis. Il s’agit d’un bois dense et résistant qui est encore très utilisé en sculpture. Pendant la période de l’holocène, le buis était probablement très prisé comme source de charbon et pour la réalisation des outils du quotidien (3).
Références
(2) Ata, A. & Andersh, B. J. Chapter 3 Buxus Steroidal Alkaloids: Chemistry and Biology. in The Alkaloids: Chemistry and Biology (ed. Cordell, G. A.) vol. 66 191–213 (Academic Press, 2008).